Exercices (Espaces de Hilbert)


Exercices sur les produits scalaires

E désigne un espace pré-hilbertien réel, x et y deux vecteurs non nuls de E.
Montrer que :
$$\left \| \frac{x}{\left \| x \right \|}\pm \frac{y}{\left \| y \right \|} \right \|^{2}=2\pm 2\frac{\left ( x|y \right )}{\left \| x \right \|.\left \| y \right \|}$$

  1. En déduire une autre démonstration de l'inégalité de Cauchy Schwarz.
  2. En déduire qu'en cas d'égalité x et y sont forcément colinéaires.

Observer que le membre de droite est un nombre positif.
Compte tenu de la remarque de l'aide, le premier point se vérifie immédiatement.
Pour le second on a |(x|y)|=(x|y) ou |(x|y)|=-(x|y). de sorte qu'en cas d'égalité l'une au moins des deux quantités $\left \| \frac{x}{\left \| x \right \|}\pm \frac{y}{\left \| y \right \|} \right \|^{2}$ est nulle. CQFD.
Ces démonstrations ne font pas appel au signe du trinôme. Elles sont dues à Halmos. Malheureusement elles ne s'appliquent pas au cas complexe. Voir pour cela l'exercice qui suit.

Dans le cas complexe, montrer qu'une condition nécessaire et suffisante pour que l'inégalité de Cauchy-Schwarz soit une égalité est que les deux vecteurs soient proportionnels.
Pour x et y dans E posons (x|y)=re où r= |(x|y)|.
Ecrire ensuite que pour tout t réel, si on pose λ=te-iα on a (x+λy|x+λy)≥0 et que cette dernière expression est un polynôme en t à valeurs réelles et toujours positive.
Avec les notations de l'aide, l'hypothèse |(x|y)|=||x||.||y||, équivaut à dire que le discriminant du polynôme P(t) donné dans l'aide est nul.
Ce polynôme possède donc une racine double t0 et si λ0=te-iα, on a ||x+λ0y||=0 donc x=λ0y.

Traitement de l'égalité dans l'inégalité de Minkowski.
E désigne un espace pré-hilbertien.
Supposons que ||u+v||=||u||+||v||.
En déduire que les vecteurs u et v sont positivement liés, c'est à dire qu'il existe un réel α≥0 tel que v=αu.
Déduire de l'hypothèse que $\mathfrak{Re}((u|v))=||u||.||v||$ et utiliser les exercices précédents.
L'égalité entraîne $\mathfrak{Re}((u|v))^{2}=(u|u)(v|v)$ comme on a avec Cauchy Schwarz
$\mathfrak{Re}((u|v))^{2}\leqslant|(u|v)|^{2}\leqslant (u|u)(v|v)$
l'égalité entraîne |(u|v)|2=(u|u).(v|v). il existe donc α∈K tel que u=αv. Tout revient à montrer que α est réel et positif.
de (u|v)=α(v|v) et des hypothèses nous tirons que $\mathfrak{Re}(\alpha (v|v))\geqslant 0$ et $\mathfrak{Re}(\alpha (v|v))^{2}=|\alpha |^{2}(v|v)^{2}$
Nous en déduisons que $\mathfrak{Re}(\alpha )\geqslant 0$ et que $\mathfrak{Re}(\alpha )^{2}=|\alpha |^{2}$ qui prouve que α∈ℝ+ .

Démontrer que la boule unité fermée B d’un espace pré_hilbertien réel est
strictement convexe i.e. que pour tout x, y ∈ B différents et tout t ∈ ]0, 1[,
||(1 − t)x + ty|| < 1.
Utiliser l'exercice précédent sur l'inégalité de Minkowski
Par l’inégalité triangulaire :

||(1-t)x+ty||≤(1-t)||x||+t||y||≤1

De plus, s’il y a égalité alors ||x|| = 1, ||y|| = 1 et les vecteurs (1 − t)x et ty sont
positivement liés.
Les vecteurs x et y étant unitaires et positivement liés, ils sont égaux. Ceci est
exclu.


Exercices sur les projections orthogonales

Soit E le plan euclidien réel identifié à ℝ2. Soient A et B deux points distincts de E et [AB] le segment (convexe) qui les joint.
Pour tout point M de E explicitez le projeté de M sur [AB].
Introduire la projection orthogonale M' de M sur la droite (AB).
Trois cas peuvent se présenter.

  1. M' est sur le segment [AB].
  2. M' est à l'extérieur de [AB], du côté de A.
  3. M' est à l'extérieur de [AB] du côté de B.
  1. Dans le premier cas il est clair que M' est le point de [AB] le plus proche de M.(Utiliser le théorème de Pythagore)
  2. Dans le second cas A est le point de [AB] le plus proche de M.(Utiliser encore Pythagore)
  3. Dans le troisième cas B est le point de [AB] le plus proche de M (identique au cas précédent par symétrie).

Donc en résumé le projeté de M sur [AB] est soit une extrémité du segment, soit sa projection orthogonale sur la droite.

E=Mn(ℝ)désigne l'espace vectoriel réel des matrices carrées d'ordre n à coefficients réels.
Pour tout A∈E tA désigne la transposée de A.
Pour tout A∈E Tr(A) désigne la trace de A, c'est à dire la somme de ses éléments diagonaux.
F=Sn(ℝ) désigne le sous-espace de E formé des matrices symétriques.
G=An(ℝ) désigne le sous-espace de E formé des matrices antisymétriques.

  1. Montrer que (A|B)=Tr(tAB)définit un produit scalaire sur E
  2. Montrer que F et G sont supplémentaires et orthogonaux. Exprimer la distance de
    $$M=\begin{pmatrix}
    1 & 2 & 3\\
    0 & 1 & 2\\
    1& 2 & 3
    \end{pmatrix}$$ à S3(ℝ)
  3. Montrer que l'ensemble H des matrices de trace nulle est un sous-espace de E et donner sa dimension. Donner la distance de la matrice J dont tous les coefficients sont égaux à 1 au sous-espace H.

  1. Si A=(ai,j) et B=(bi,j) alors $(A|B)=\sum_{i,j=1}^{n}a_{i,j}b_{i,j}$
  2. A∈F ⇔ A=tA et B∈G ⇔ tB=-B
  3. Tr est une forme linéaire sur E.
  1. Il résulte de l'expression donnée dans l'aide que (A|B) est une forme bilinéaire symétrique définie positive.
  2. Toute matrice à la fois symétrique et antisymétrique est nécessairement nulle. F et G sont donc en somme directe.
    Si A∈F et B∈G on a (A|B)=Tr(AB) et (B|A)=Tr(-BA)=-Tr(BA). Donc (A|B)=(B|A) entraîne (A|B)=0.
    Si M∈E M+tM ∈ F et M-tM ∈G et on a $M=\frac{1}{2}\left ( M+^{t}M \right )+\frac{1}{2}\left ( M-^{t}M \right )$ .
    La distance de M à S3(ℝ) est égale à la distance de M à son projeté orthogonal sur S3(ℝ).
    $d\left ( M,S_{3}\left ( \mathbb{R} \right ) \right )=\frac{1}{2}\left \| M-^{t}M \right \|=2$
  3. H étant le noyau d'une forme linéaire c'est un hyperplan. La matrice unité In est orthogonale à H. Il en résulte que $d(J,H)=\frac{\left | \left ( I_{n}|J \right ) \right |}{\left \| I_{n} \right \|}=\frac{n}{\sqrt{n}}=\sqrt{n}$.


Exercices sur les sommes hilbertiennes

Soit E un espace de Hilbert avec une base orthonormale (en) pour tout naturel n on pose:
$a_{n}=e_{2n}$ et $b_{n}=e_{2n}+\frac{1}{n+1}e_{2n+1}$.
On désigne par A le sous-espace engendré par les an et par B le sous-espace engendré par les bn.

  1. Montrer que A∩B={0}, donc que la somme A+B est directe algébriquement.
  2. Montrer que A+B n'est pas une somme directe topologique
  3. Montrer que le sous-espace A+B est dense mais n'est pas fermé dans E.

  1. Considérer une relation linéaire liant les an et les bn.
  2. Examiner la projection sur A de la suite cn=bn-an.
  3. Montrer que $\sum_{n=0}^{\infty }\left ( b_{n}-a_{n} \right )$ converge mais que la somme n'est pas dans A+B.
  1. La relation $$\sum_{n=0}^{k}\alpha _{n}e_{2n}+\sum_{n=0}^{k}\beta _{n}\left ( e_{2n}+\frac{1}{n+1}e_{2n+1} \right )=0$$
    donne :
    $$\sum_{n=0}^{k}\left ( \alpha _{n}+\beta _{n} \right )e_{2n}+\sum_{n=0}^{k}\frac{\beta _{n}}{n+1}e_{2n+1}=0$$
    Ceci entraîne donc que tous les βn sont nuls puis que toutes les différences αnn sont nulles donc que tous les αn sont nuls également.
  2. La suite (cn) converge vers 0 puisque $\left \| c_{n} \right \|=\frac{1}{n+1}$, mais pA(cn)=-an, donc la norme de pA(cn) est toujours égale à 1 et ne tend pas vers 0.Il suffit alors d'utiliser cette caractérisation des sommes topologiques
  3. La convergence de $\sum_{n=0}^{\infty }\left ( b_{n}-a_{n} \right )$ résulte de la convergence de $\sum_{n=0}^{\infty }\frac{1}{\left ( n+1 \right )^{2}}$.

    Si la somme de cette série était dans A+B il existerait un indice k tel que $\sum_{n=k}^{\infty }\frac{1}{\left ( n+1 \right )^{2}}=0$ ce qui est impossible.
    A+B est dense parce que le sous-espace engendré par a1,a2, ...,an, b1,b2, ...,bn est le même que celui engendré par e1,e2, ...,e2n+1.


Exercices sur les systèmes orthonormaux

Le polynôme de Legendre d'ordre n est défini par :
$$P_{n}\left ( X \right )=\frac{1}{2^{n}n!}\frac{d^{n}}{dX^{n}}\left [ \left ( X^{2}-1 \right )^{n} \right ]$$
Le but de cet exercice est de montrer que (Pn)n∈ℕ est un système orthogonal, dans l'espace pré-hilbertien ℝ[X] des polynômes à coefficients réels, muni du produit scalaire :
$\left ( P|Q \right )=\int_{-1}^{1}P\left ( t \right )Q\left ( t \right )dt$.

  1. Pour tout entier n≥1 montrer que Pn possède n racines simples dans ]-1,+1[.
  2. Montrer que $Q_{n}\left ( X \right )=X^{n}+\left ( X^{2}-1 \right )R_{n}\left ( X \right )$ où Rn ∈ ℝ[X].
    En déduire Qn(1) et Qn(-1).
  3. Montrer que Qn est orthogonal à tout polynôme de degré au plus égal à n-1.

  1. Observer que -1 et +1 sont des racines de multiplicité n du polynôme (X2-1)n.
  2. Raisonner par récurrence sur n.
  3. Utiliser l'intégration par parties.
  1. -1 et +1 étant racines de multiplicité n de (X2-1)n, ils sont racines de
    $\frac{d^{k}}{dX^{k}}\left ( X^{2}-1 \right )^{n}$ pour 0≤k≤n-1.
    En appliquant le théorème de Rolle, on peut alors montrer par récurrence sur k ∈ {0, . . . , n} que $\frac{d^{k}}{dX^{k}}\left ( X^{2}-1 \right )^{n}$
    possède au moins k racines dans l’intervalle ]−1, 1[. En particulier Qn possède n racines dans l'intervalle ]-1,+1[. Comme Qn est de degré n elles sont toutes simples et Qn n'en possède pas d'autres.
  2. Pour n=0 c'est immédiat. Supposons la propriété établie à l'ordre n. Alors,
    $$Q_{n+1}\left ( X \right )=\frac{1}{2^{n+1}\left ( n+1 \right )!}\frac{d^{n}}{dX^{n}}\left ( 2\left ( n+1 \right )X\left ( X^{2}-1 \right )^{n} \right )$$
    En utilisant la formule de Leibniz (dérivées successives d'un produit).
    $$Q_{n+1}\left ( X \right )=\frac{1}{2^{n}n!}\left ( X\frac{d}{dX^{n}}\left ( \left ( X^{2}-1 \right )^{n} \right ) +nX \frac{d^{n-1}}{dX^{n-1}}\left ( \left ( X^{2}-1 \right )^{n} \right )\right )$$
    1 et -1 sont racines du polynôme $\frac{d^{n-1}}{dX^{n-1}}\left ( \left ( X^{2}-1 \right )^{n} \right )$ , celui-ci peut donc s'écrire (X2-1)S(X).
    En exploitant l'hypothèse de récurrence on obtient :
    $$Q_{n+1}\left ( X \right )=X^{n+1}+X\left ( X^{2}+1 \right )R_{n}\left ( x \right )+2nX\left ( X^{2}-1 \right )S\left ( X \right )=X^{n+1}+\left ( X^{2}-1 \right )R_{n+1}\left ( X \right )$$

  3. Par intégration par parties successives et en exploitant le fait que -1 et +1 sont racines de (X2-1)n et de ses dérivées successives jusqu'à l'ordre n-1, on obtient :
    $$\left ( P|Q_{n} \right )=\frac{\left ( -1 \right )n}{2^{n}n!}\int_{-1}^{+1}P^{(n)}\left ( t \right )\left ( t^{2}-1 \right )^{n}dt$$
    qui prouve que (P|Qn)=0 si le degré de P est ≤ n-1.

Soit E l'espace vectoriel de toutes les fonctions continues sur [-1,+1] et à valeurs complexes.
On munit E du produit scalaire $\left ( f|g \right )=\int_{-1}^{+1}f(t)\overline{g(t)}dt$.
Pout tout entier relatif n∈ℤ on pose $e_{n}(t)=e^{\pi nit}$.
Montrer que (en)n∈ℤ est un système orthogonal appelé système trigonométrique.
Pour m≠n calculer (em|en)

$$\left ( e_{m}|e_{n} \right )=\int_{-1}^{+1}cos\left ( \left ( m-n \right )\pi t \right )dt+i\int_{-1}^{+1}sin\left ( \left ( m-n \right )\pi t \right )dt$$
$$ \left ( e_{m}|e_{n} \right )=\left [ \frac{sin\left ( \left ( m-n \right ) \pi t\right )}{\left ( m-n \right )\pi } \right ]_{-1}^{+1}-i\left [ \frac{cos\left ( \left ( m-n \right ) \pi t\right )}{\left ( m-n \right )\pi } \right ]_{-1}^{+1}=0$$


Exercices sur l'orthonormalisation

Revoir l'exercice précédent sur les polynômes de Legendre. Utiliser les résultats pour fabriquer un système orthonormal.
Calculer pour tout n ||Qn||.

De la relation :
$$\left ( P|Q_{n} \right )=\frac{\left ( -1 \right )n}{2^{n}n!}\int_{-1}^{+1}P^{(n)}\left ( t \right )\left ( t^{2}-1 \right )^{n}dt$$
nous tirons :
$$ \int_{-1}^{1}Q_{n}\left ( t \right )^{2}dt=\frac{1}{2^{n}n!}\int_{_1}^{+1}\frac{d^{n}}{dt^{n}}Q_{n}\left ( t \right )\left ( 1-t^{2} \right )^{n}dt$$
Puisque (X2-1)n)est unitaire et de degré 2n $\frac{d^{2n}}{dX^{2n}}\left ( X^{2}-1 \right )^{n}=\left ( 2n \right )!$ et
$\frac{d^{n}}{dX^{n}}Q_{n}\left ( X \right )=\frac{\left ( 2n \right )!}{2^{n}n!}$.
Par intégrations par parties successives :
$$\int_{-1}^{+1}\left ( 1-t^{2} \right )^{n}dt=\int_{-1}^{+1}\left ( 1-t \right )^{n}\left ( 1+t \right )^{n}=\frac{2^{2n+1}\left ( n! \right )^{2}}{\left ( 2n+1 \right )!}$$
Qui donne $\left \| Q_{n} \right \|^{2}=\frac{2}{2n+1}$
Donc si $A_{n}=\frac{\sqrt{2n+1}}{\sqrt{2}}Q_{n}$ (An) est un système orthonormal, déduit de (1,X,X2, ...,Xn) par le procédé de Gram-Schmidt.

Normaliser le système trigonométrique de l'exercice précédent.
Calculer (en|en) ∀n∈ℤ
$\left ( e_{n}|e_{n} \right )=\int_{-1}^{+1}dt=2 $ donc si
$a_{n}=\frac{e_{n}}{\sqrt{2}}$ (an)n∈ℤ est un système orthonormal. On peut montrer qu'il est total dans l'espace E.

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