Exercices (accroissements finis)


Exercices sur le théorème principal

  1. Montrer que ∀x>0 :
    $$\frac{1}{x+1}< ln(x+1)-ln(x)<\frac{1}{x} \tag {1} $$
  2. En déduire que les fonctions f et g définies sur $\mathbb{R}_{+}^{*}$ par :
    $$f(x)=\left ( 1+\frac{1}{x} \right )^{x} \text{ et }g(x)=\left ( 1+\frac{1}{x} \right )^{x+1}$$
    sont monotones.
  3. Déterminer les limites de f et g pour x→+∞

  1. Utiliser ce théorème
  2. ln étant croissante f croissante ⇔ ln(f) croissante
  3. Calculer les limites de ln(f) et ln(g) pour x→+∞
  1. Les inégalités cherchées proviennent de l'application de ce théorème à la fonction t→ ln(t) sur l'intervalle [x,x+1], en utilisant le fait que la dérivée de ln(t) est 1/t, et que cette fonction est décroissante.
  2. $$\left ( ln(f) \right )'(x)=ln\left ( 1+\frac{1}{x} \right )-\frac{1}{x+1}$$
    La première inégalité montre que ln(f) est croissante.
    $$\left ( ln(g) \right )'(x)=ln\left ( 1+\frac{1}{x} \right )-\frac{1}{x}$$
    La seconde inégalité montre que ln(g) est décroissante.
  3. En multipliant la double inégalité (1) par x, puis par x+1, on obtient ∀x>0 :
    $$\frac{x}{x+1} < x.ln\left ( 1+\frac{1}{x} \right ) < 1 < (x+1).ln\left ( 1+\frac{1}{x} \right ) < \frac{x+1}{x}$$
    On en déduit que :
    $$\lim_{x\rightarrow \infty }(ln(f))(x)=\lim_{x\rightarrow \infty }(ln(g))(x)=1$$
    et donc que :
    $$\lim_{x\rightarrow \infty }f(x)=\lim_{x\rightarrow \infty }g(x)=e $$


Cas où la variable est dans un espace de Banach

Soit f:ℝ2→ℝ2 définie par f(x,y)=(x2− y, x2+y2 ) et g = f◦f .

  1. Montrer que f et g sont de classe C1.
  2. Calculer en tout point la matrice jacobienne de f ; calculer la matrice jacobienne de g au point (0,0).
  3. Soit un réel ρ>0, on désigne par O le point origine (0,0). B'(ρ) désigne la boule fermée de centre O et de rayon ρ. Montrer qu'il existe ρ>0 tel que pour tout (x,y)∈B'(ρ) on ait :
    ||Dg(x,y)|| ≤ 1/2.
  4. Si ρ est choisi tel que ci-dessus montrer que g possède un unique point fixe dans B'(ρ).Quel est ce point ?
    En déduire limn→∞ gn(X) pour tout X∈B'(ρ).

  1. f est de classe C car ses composantes (des polynômes) sont de classe C. g est du même type par composition.
  2. $$Df(x,y)=\begin{pmatrix}2x & -1\\2x & 2y\end{pmatrix}$$
    $Dg(x,y)=Df(f(x,y)) \circ Df(x,y)$ or f(0,0)=0 et
    $$Df(0,0)=\begin{pmatrix}0 & -1\\0 & 0\end{pmatrix}$$
    donc :
    $$Dg(0,0)=\begin{pmatrix}0 & -1\\0 & 0\end{pmatrix}.\begin{pmatrix}0 & -1\\0 & 0\end{pmatrix}=\begin{pmatrix}0 & 0\\0 & 0\end{pmatrix}$$
  3. Dg(O) étant nul d'après la question précédente, l'existence de ρ résulte simplement de la continuité de Dg qui résulte du fait que g est de classe C.
  4. D'après le théorème des accroissements finis pour tous (X,Y)B'(ρ)2 :
    $$\left \| g(X)-g(Y) \right \|\leqslant \sup_{Z\in B'(\rho )}\left \| Dg(Z) \right \|.\left \| X-Y \right \|\leqslant \frac{1}{2}\left \| X-Y \right \|$$
    g est donc contractante dans B'(ρ) qui est compacte, car fermée donc complète. Le théorème du point fixe s'applique donc. il y a donc un seul point fixe qui est évidemment l'origine. Il résulte de la méthode des apprximations successives que limn→∞ gn(X)=O.


Convergence d'une suite de fonctions différentiables

Cet exercice propose un contre-exemple.
Pour tout entier n on pose $f_{n}(x)=\sqrt{x^{2}+\frac{1}{n}}$; on définit ainsi une suite de fonctions de ℝ dans ℝ.

  1. Montrer que les fn sont de classe C1 sur ℝ.
  2. Montrer que les fn convergent uniformément vers |x| sur ℝ
  3. Montrer que limn→∞fn n'est pas différentiable en 0.

  1. Utiliser le théorème sur la différentiation des fonctions composées.
  2. Montrer que ∀x∈ℝ 0≤fn(x)-|x|≤1/√n
  3. Étudier la dérivabilité de |x| en 0.
  1. x→x2+1/n est de classe C1 sur ℝ et à valeurs dans $\mathbb{R}_{+}^{*}$. √x est de classe C1 sur $\mathbb{R}_{+}^{*}$, d'où le résultat.
  2. $$0\leqslant \sqrt{x^{2}+\frac{1}{n}}-\left | x \right |=\frac{\frac{1}{n}}{|x|+\sqrt{x^{2}+\frac{1}{n}}}\leqslant \frac{1}{\sqrt{n}}$$ d'où la convergence uniforme.
  3. |x| n'est pas dérivable en 0 car sa dérivée à droite n'est pas égale à sa dérivée à gauche.


Relation entre différentiation partielle et différentiation totale

x→atan(x) représente la fonction 'arc tangente' réciproque de la fonction tangente définie sur ℝ et à valeurs dans ]-π/2,+π/2[.
On considère la fonction f: ℝ2 → ℝ définie par :
$$f(x,y)=atan(x)+atan(y)-atan\left ( \frac{x+y}{1-xy} \right )$$
définie en dehors de l'hyperbole xy=1.
est de classe C1 sur son domaine de définition.
Calculer Df et en déduire les valeurs de f selon la position du point (x,y).
Calculer les dérivées partielles de f
La fonction (x,y)→x+y est de classe C1 sur ℝ2. Il en est de même de (x,y)→xy donc de (x,y)→1-xy comme somme de fonctions de classe C1.
Donc la fonction $(x,y)\rightarrow \frac{x+y}{1-xy}$ est de classe C1 comme quotient de deux fonctions de classe C1.
x→atan(x) est de classe C1 sa dérivée étant $atan'(x)=\frac{1}{1+x^{2}}$.
Donc la fonction $x\rightarrow atan\left ( \frac{x+y}{1-xy} \right )$ est de classe C1 comme composée de deux fonctions de classe C1.
En outre (x,y)→atan(x) est composée de la fonction linéaire (x,y)→x avec atan donc encore de classe C1 par composition.
Il en est de même de (x,y)→atan(y).
En définitive f est de classe C1 comme somme de trois fonctions de classe C1.
Un calcul rapide donne :
$$\frac{\partial f}{\partial x}(x,y)=\frac{\partial f}{\partial y}(x,y)=0$$
Il en résulte que Df=0 et que f est constante sur chaque composante connexe de son domaine.
On voit donc que f(x,y)=f(0,0)=0 entre les branches et
$$f(x,y)=\lim_{x\rightarrow \pm \infty }f(x,x)=\lim_{x\rightarrow \pm \infty }2atan(x)-atan\left ( \frac{2x}{1+x^{2}} \right )=\frac{\pm 2\pi }{2}-0=\pm \pi $$


Primitives et intégrales

Soit f une fonction réglée définie dans un intervalle compact I=[a,b]. Montrer que pour tout ε>0, il existe une fonction continue g définie dans I et telle que :
$$\int_{a}^{b}\left \| f(t)-g(t) \right \|dt\leqslant \varepsilon $$
Commencez par montrer ce résultat pour f en escalier.
Supposons d'abord que f soit constante et égale à k sur ]a,b[. Soit η>0 vérifiant η≤(b-a)/2. on considère la fonction affine par morceaux g définie par :
$$\begin{cases} & g(a)=0 \\ & g(x ) =k \text{ pour }x\in \left [ a+\eta ,b-\eta \right ]\\& g(b)=0 \end{cases}$$
on a :
$$\int_{a}^{b}\left \| f(t)-g(t) \right \|dt\leqslant k.\eta $$
Donc le théorème est vrai pour une fonction constante sur un intervalle compact.
Si x0,x1, ..., xn est une subdivision de [a,b] et si f est en escalier relativement à cette subdivision, on peut écrire que f est combinaison linéaire de fonctions f0, f1, ...fn-1, chacune étant constante sur ]xi,xi+1[.
Soient maintenant ε0, ε1, εn-1 et n fonctions continues g0, ...,gn-1 chaque gi étant définie sur [xi,xi+1] et vérifiant :
$$\int_{x_{i}}^{x_{i+1}}\left \| f_{i}(t)-g_{i}(t) \right \|\leqslant \varepsilon _{i}$$
Soit $g=\sum_{i=0}^{n-1}g_{i}$ alors g est continue et on a :
$$\int_{a}^{b}\left \| f(t)-g(t) \right \|dt\leqslant \sum_{i=0}^{n-1}\varepsilon _{i}$$
De sorte que si on choisit chaque εi≤ε/n on a bien l'inégalité voulue.
La propriété est donc vraie si f est en escalier.
Maintenant si f est une fonction réglée il existe une fonction en escalier h sur [a,b] telle que :
$$\int_{a}^{b}\left \| f(t)-h(t) \right \|dt\leqslant \varepsilon /2$$
Et il existe une fonction continue g sur [a,b] telle que :
$$\int_{a}^{b}\left \| g(t)-h(t) \right \|dt\leqslant \varepsilon /2$$
On a donc bien l'inégalité voulue.

E désigne l'espace $\mathfrak{C}^{0}\left ( \left [ 0,1 \right ] \right )$ des fonctions continues sur l'intervalle [0,1].
On munit E de la norme $\left \| f \right \|_{1}=\int_{0}^{1}\left | f(t) \right |dt$.
Pour tout α>0 on désigne par φ(α) la fonction de E définie par φ(α)(t)=tα.
Montrer que $\varphi :\mathbb{R}_{+}^{*}\rightarrow E$ est différentiable et calculer φ'.
Déterminer une constante C telle que ∀ α,β>0 ||φ'(β)-φ'(α)||≤C||β-α||.

Montrer que :
$$\int_{0}^{1}\left | t^{\alpha +h}-t^{\alpha }-h.ln(t)t^{\alpha } \right |dt=\frac{h^{2}}{(\alpha +1)^{2}(\alpha +h+1)}$$
Vérifions d'abord que $t^{\alpha +h}-t^{\alpha }-h.ln(t)t^{\alpha } \geqslant 0$.
Comme tα>0 il suffit de montrer que $ t^{h}-1-h.ln(t) \geqslant 0$.
Un changement de variable x = h.ln(t) nous ramène à ex-1-x≥0. Il suffit maintenant pour le voir d'étudier la variation de cette fonction qui est nulle à l'origine et croissante.
Une intégration par parties donne:
$$\int_{0}^{1}ln(t)t^{\alpha }dt=\left [ ln(t)\frac{t^{\alpha +1}}{\alpha +1} \right ]_{0}^{1}-\int_{0}^{1}\frac{1}{t}.\frac{t^{\alpha +1}}{\alpha +1}dt=0-\left [ \frac{t^{\alpha +1}}{(\alpha +1)^{2}} \right ]_{0}^{1}=-\frac{1}{\left ( \alpha +1 \right )^{2}}$$
Et comme on a :
$$\int_{0}^{1}\left ( t^{\alpha +h}-t^{\alpha } \right )dt=\left [ \frac{t^{\alpha +h+1}}{\alpha +h+1}-\frac{t^{\alpha +1}}{\alpha +1} \right ]_{0}^{1}=\frac{1}{\alpha +h+1}-\frac{1}{\alpha +1}=\frac{-h}{\left ( \alpha +h+1 \right )(\alpha +1)}$$
Il vient :
$$\int_{0}^{1}\left | t^{\alpha +h}-t^{\alpha }-h.ln(t)t^{\alpha } \right |dt=-\frac{h}{(\alpha +h+1)(\alpha +1)}+\frac{h}{(\alpha +1)^{2}}=\frac{h^{2}}{(\alpha +1)^{2}(\alpha +h+1)}$$
Ceci prouve que la dérivée de φ au point α est la fonction t→ln(t)tα.
Un calcul identique prouve que φ''(α)(t)=ln(t)2tα.
Nous avons donc :
$$\left \| \varphi ''(\alpha ) \right \|=\int_{0}^{1}ln(t)^{2}t^{\alpha }dt=\left [ ln(t)^{2} \frac{t^{\alpha +1}}{\alpha +1}\right ]_{0}^{1}-\int_{0}^{1}2\frac{ln(t)}{t}.\frac{t^{\alpha +1}}{\alpha +1}dt=0-\frac{2}{\alpha +1}\int_{0}^{1}ln(t)t^{\alpha }dt=\frac{2}{(\alpha +1)^{3}}\leqslant 2$$
Le théorème des accroissements finis nous donne donc:
||φ'(β)-φ'(α)||≤2||β-α||

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