Exemples de fonctions n fois différentiables

Nous supposons connus les résultats de cette page concernant des exemples de fonctions différentiables.

E1,E2,F étant des espaces de Banach, toute application bilinéaire continue φ:E1×E2→F est de classe C.
Plus précisément, φ'' est constante et toutes les dérivées successives φ(n) pour n>2 sont nulles.
D'après ce théorème, nous savons que φ est différentiable et que :
φ'(x1,x2).(h1,h2)=φ(h1,x2)+φ(x1,h2)
Cette relation montre que l'application :
$$\varphi ':E_{1}\times E_{2}\rightarrow \mathfrak{L}\left ( E_{1},E_{2};F \right )$$
est une fonction linéaire continue du point (x1,x2)∈E1×E2. Donc sa dérivée φ'' est constante.
La valeur de cette constante est l'élément :
$$((h_{1},h_{2}),(k_{1},k_{2}))\rightarrow \varphi (h_{1},k_{2})+\varphi (k_{1},h_{2})$$
E1×E2 est pris ici avec sa structure d'espace de Banach produit.

Concernant les fonctions composées nous avons le théorème suivant :

Soient U⊆E et V⊆F deux ouverts, d'espaces de Banach E et F.
Soient f:U→V et g:V→G deux applications continues (G désigne ici un troisième espace de Banach).

  1. Si f est n fois différentiable au point a∈U, et si g est n fois différentiable au point b=f(a)∈V, alors h=gof:U→G est n fois différentiable au point a.
  2. Si f et g sont de classe Cn, alors h=gof est de classe Cn.
  3. Si f et g sont de classe C, alors h=gof est de classe C.

3. résulte évidemment de 2. de sorte qu'il suffit de montrer 1. et 2.
Les points 1. et 2. du théorème sont vrais pour n=1 (revoir cette page), et on a :
$$h'(x)=g'(f(x))\circ f'(x) \tag{1}$$
On va prouver 1. et 2. par récurrence.
Supposons donc le théorème vrai à l'ordre n-1 avec n≥2. Montrons par exemple 2. (le cas de 1. se traite de la même manière).
On veut montrer que h est de classe Cn ou, ce qui revient au même que h' est de classe Cn-1
Or la relation (1) exprime que h' est composée de deux applications :

  1. L'application x→(g'(f(x)),f'(x)) de U dans $\mathfrak{L}(F;G)\times \mathfrak{L}(E;F)$
  2. L'application (v,u)→vou de $\mathfrak{L}(F;G)\times \mathfrak{L}(E;F)$ dans $\mathfrak{L}(E;G)$

La seconde application est bilinéaire et continue car la norme de la composée est inférieure au produit des normes (revoir cette page). elle est donc de classe C d'après le théorème qui précède.
La première application prend ses valeurs dans un espace produit ; ses deux composantes sont :
x→ g'(f(x)) et x→f'(x).
Par hypothèse la seconde composante est de classe Cn-1.
Quand à la première composante elle est elle-même composée de :
$$U\overset{f}{\rightarrow}V\overset{g'}{\rightarrow}\mathfrak{L}(F;G)$$
f étant de classe Cn est a fortiori de classe Cn-1; g' est aussi de classe Cn-1. Par hypothèse de récurrence, la composée g'of est de classe Cn-1.

Soient E et F deux espaces de Banach homéomorphes. On note toujours Isom(E;F) l'ouvert de $\mathfrak{L}(E;F)$ formé des isomorphismes linéaires de E sur F.
Alors l'application $\varphi :Isom(E;F)\rightarrow Isom(F;E)$ donnée par $\varphi(u)=u^{-1}$ (revoir ce résultat concernant cette application) est de classe C.
D'après ce théorème on sait déjà que φ est de classe C1, et que :
$$\varphi(u).h=-u^{-1 }\circ h \circ u^{-1} \text{ pour }h\in \mathfrak{L}(E;F) \tag{2}$$
Introduisons l'application bilinéaire continue :
$$\psi : \mathfrak{L}(F;E)\times \mathfrak{L}(F;E)\rightarrow \mathfrak{L}(\mathfrak{L}(E;F);\mathfrak{L}(F;E))$$
définie par :
$$\psi (v,w).h=-v\circ h \circ w$$
La relation (2) s'écrit alors :
$$\varphi '(u)=\psi (\varphi (u),\varphi (u)) \tag{3}$$
On va en déduire par récurrence que φ est de classe Cn. On le sait pour n=1. Soit n≥2 et supposons prouvé que φ est de classe Cn-1. on va montrer que φ' est de classe Cn-1, donc que φ est de classe Cn.
Or (3) exprime que l'application φ' est composée de deux applications :

  1. L'application u→(φ(u),φ(u)) de Isom(E;F) dans $\mathfrak{L}(F;E)\times \mathfrak{L}(F;E)$
  2. L'application bilinéaire ψ

La première est de classe Cn-1 par hypothèse de récurrence, et la seconde est de classe C par le premier théorème. Donc leur composée est de classe Cn-1 en raison du théorème précédent.

Soient E et f deux espaces de Banach et soient V⊆E et W⊆F des ouverts. Soit également f:V→W un C1-difféomorphisme.
Si l'application f est de classe Cn, alors il en est de même de l'homéomorphisme réciproque g=f-1:W→V.
Pour n=1, il n'y a rien à démontrer.
De plus, on sait que pour y∈W :
$$g'(y)=(f'(g(y)))^{-1} \tag{4}$$
ceci exprime que g' est composée de 3 applications :

  1. l'application g:W→V
  2. l'application f': V→ Isom(E;F)
  3. L'application u→u-1 Isom(E;F)→Isom(F;E)

On va alors démontrer le théorème par récurrence sur n. Supposons le vrai à l'ordre n-1; alors sous les hypothèses de l'énoncé la deuxième et la troisième application ci-dessus sont de classe Cn-1. A vrai dire, la troisième, d'après le théorème précédent, est même de classe C.
Quant à la première c'est g, donc par hypothèse de récurrence, elle est de classe Cn-1. Alors g', composée de 3 applications de classe Cn-1 est elle-même de classe Cn-1.

Une fonction f telle que dans les conditions du théorème précédent s'appelle un Cn-difféomorphisme.

Voici maintenant un corollaire de ce dernier résultat :

Dans le théorème d'inversion local, si on suppose que f est non seulement de classe C1, mais de classe Cn, on conclut que la restriction de f à V (notation du théorème) est un Cn-difféomorphisme de V sur W.

Exercices

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